dimanche, décembre 24, 2006

En vrac




Dessins réalisés en séminaire à Cannes, décembre 2006.

jeudi, décembre 14, 2006

Entretien avec Frapar

Ce n'est pas ce qu'on dit qui est important, c'est ce que les autres comprennent qui est important.

Coluche


Institut de la Qualité de l’Expression

(extrait d'un entretien réalisé en Juin 2005 par le site La Qualité de l'Expression, un site qui, malheureusement, n'est plus accessible)


- Comment et pourquoi avez-vous choisi ce mode d’expression qu’est le dessin humoristique ? Par goût/talent personnel, pour ses vertus « thérapeutiques » ?!…


Je n’ai pas choisi le dessin de presse, c’est lui qui m’a choisi ! Si j’ai commencé vers l’âge de 16 ans à caricaturer mes amis et mes professeurs, je faisais du dessin, disons, plus classique, bien avant. Mais, je me rappelle avoir réalisé des dessins d’un de mes professeurs qui était un personnage balzacien haut en couleurs, dessins que je collais sur des boîtes d’allumettes et que je vendais pour une somme dérisoire à mes camarades de classe.

À cette époque, je n’aurais jamais pensé en faire ma profession, ni plus tard quand j’ai décidé de venir à Paris, vers l’âge de 22 ans. Je n’avais pas réussi à être engagé comme illustrateur, alors, pressé de trouver un boulot où je pourrais me servir d’un crayon, je me suis décidé à présenter des dessins de presse à quelques journaux. Et c’est comme cela que j’ai été engagé par Le Journal du Dimanche, alors que je ne maîtrisais pas du tout le métier.

Enfin, plutôt que de dessin humoristique, parlons plutôt de dessin de presse. Et puis, on ne se définit pas comme humoriste, c’est le public seul qui peut vous décerner ce label et encore peut-il être très réducteur ! Coluche ou Desproges n’étaient pas que des humoristes…


- Si vous deviez définir l’ « expression » pour un dictionnaire, quel sens lui donneriez-vous ?

L’expression, c’est, en quelque sorte, la faculté de transmettre une idée, un concept, un sentiment, une émotion de manière forte. Dans le domaine du dessin de presse, on pourrait dire que Reiser était un expressionniste. Mais ce que j’aime dans le dessin de presse, c’est ce côté simple, essentiel du trait. Pour moi, l’un des dessinateurs de presse les plus efficaces à l’heure actuelle est Pétillon. Venu de la BD, en travaillant au Canard Enchaîné, il a su adapter son style pour atteindre un bon équilibre entre la drôlerie des expressions de ses personnages, de la situation et la force de la ligne. Il ne faut toutefois pas tomber dans un minimalisme tel que le dessin ne devient alors plus qu’un support au texte des bulles.

- Quels sont pour vous les critères principaux d’une expression de qualité ?

Une expression de qualité doit être non-ambiguë, elle doit être immédiate, précise, juste, sans ajouts inutiles. On essaie d’y tendre, mais la simplicité n’est pas la chose la plus facile à atteindre. Le dessin en « live » m’a permis de remettre en question – malgré moi, d’ailleurs - mon style et de ne pas tomber dans le « laborieux » ou le « léché », écueil que, à l’ère de l’ordinateur et de Photoshop, on a beaucoup de mal à éviter. Quand vous dessinez devant une audience et que votre dessin doit être réalisé et envoyé à l’écran à peine trente secondes après la phrase de l’intervenant qui vous a inspiré, vous ne pouvez pas vous permettre de ne pas aller à l’essentiel !


- Votre mode d’expression est principalement graphique, et humoristique : qu’apporte t-il de différent, et de plus, que l’expression écrite ou orale
classique ?

Le dessin, même s’il est accompagné de légendes ou de textes dans les bulles (on appelle cela aussi des phylactères), permet de montrer plutôt que de démontrer. Il est censé soulever des « lièvres », mettre en relief des contradictions, souligner des illogismes.

Je relisais récemment des interviews de quelques confrères qui disaient qu’il n’était pas rare, dans la grande presse, de voir les auteurs graphiques sacrifiés au profit des auteurs de textes. Autrement dit, quand un rédacteur en chef doit choisir entre raccourcir un article ou faire sauter le dessin du jour, c’est l’écrit qui est privilégié. Pas étonnant : les rédacteurs en chef ont par essence la culture de l’écrit. Et puis, il faut le dire, nous sommes aussi dans une société qui devient très très sérieuse…


- Le dessin humoristique permet d’exprimer une idée, une situation… Mais il permet de surcroît d’exprimer… l’expression des autres –attitudes, gestuelle, mimiques. Quel regard portez-vous sur cette expression physique ?

« N’écoutez pas, regardez ! », tel est l’adage qu’on pourrait, qu’on devrait même enseigner dans les écoles. Or, c’est tout le contraire qu’on apprend aux élèves ! Ce que l’on voit nous en apprend beaucoup plus que ce que l’on entend. La parole sert le plus souvent à occulter ce qu’il y a au fond des cœurs et des esprits, qu’à véritablement exprimer. Témoin, la gêne qui nous affecte tous lors d’un silence prolongé, surtout lorsqu’on est en tête à tête avec quelqu’un.

Mais pour revenir au dessin de presse, on peut dire qu’il permet de souligner justement le hiatus qui existe parfois entre ce qu’une personne dit et son attitude physique, ses gestes ou son expression faciale. Quelquefois, c’est le contraire, l’apparence et le verbe peuvent être redondants. Pour montrer un personnage en colère, pas besoin de mots ; à la limite, ce qu’il peut dire peut être complètement inintelligible. Il suffit de souligner son expression, qui, souvent, est ridicule.

- Le dessin humoristique est-il une forme d’expression plus sensible, plus difficile à manier que d’autres, ou au contraire plus aisée, plus positivement perçue ?

Le dessin de presse est un phénomène culturel. Il diffère d’un pays à l’autre parce qu’il fait appel à des contextes spécifiques, des stéréotypes locaux. Quant à savoir s’il est un moyen d’expression plus ou moins difficile à manier, je dirais que cela dépend des publics auxquels il s’adresse. Personnellement, quand j’ai commencé ce métier, je me suis rendu compte qu’il me permettait de m’exprimer bien mieux que n’importe quelle autre forme de dessin, mais pas de façon exhaustive. La peinture, comme la musique sont des langages beaucoup moins « signifiants » et suscitent des émotions, bien sûr, différentes. Le dessin de presse est beaucoup plus « contemporain » ; il s’appuie sur des références culturelles et sociales plus proches de la vie, disons, profane. Mais du coup, sa pérennité est moins grande : allez savoir si les dessins de presse de notre époque seront compris par nos petits-enfants ou arrières petits-enfants ? Ce n’est pas du tout certain…

En tout cas, le dessin de presse est positivement perçu, car il est critique, il est impertinent et Dieu sait si nous avons besoin d’impertinence dans un monde où l’image se travaille, où les RP se mêlent de tout…

- Certains sujets peuvent-ils n’être bien exprimés qu’à travers le dessin… Et, à l’inverse, certains sujets interdisent-ils –ou supportent-ils mal- le medium du dessin ? En bref, peut-on tout exprimer par le dessin ?

Oui, on peut tout exprimer par le dessin. Cela dit, comme il s’agit d’un raccourci, on ne peut rien approfondir. La question serait plutôt de savoir de quoi on est prêt à rire…


- Le dessin humoristique en presse et en politique existe depuis fort longtemps. Depuis combien de temps le monde économique fait appel à des dessinateurs humoristiques ? Pour quelles raisons ou dans quel contexte ce mode d’expression est-il apparu,
selon vous ?


Le monde économique, depuis quelques décennies, est entré dans le domaine public. Il n’est plus l’apanage de quelques spécialistes. De plus en plus de gens s’intéressent à l’économie. Et pour être perçu et compris, ce monde-là a dû se servir des médias et créer ses propres médias. Il n’est donc pas étonnant de voir le cinéma, la publicité ou le dessin être utilisés par les intervenants de ce monde. Et puis, en France, à la suite de mai 68, où l’on a vu la provocation, l’humour envahir le champ public, il était inévitable que les entreprises aient à leur tour recours à ces moyens d’expression pour accroître leur légitimité ; pour être crédibles, elles devaient parler le même langage que le reste de la société. D’autant plus ces dernières années où le pouvoir, au sein des entreprises, s’est partagé entre des niveaux hiérarchiques très divers : aujourd’hui on ne peut plus diriger une boîte sans impliquer ses équipes. D’ailleurs, cela se traduit au niveau du langage : on ne dit plus « personnel », on dit « équipes », on ne dit plus « subordonnés », on dit « collaborateurs »…



- Dans le cadre de l’entreprise, cette forme d’expression constitue non seulement une manière d’exprimer des choses, mais également une forme d’animation qui rend plus légères, agréables, des réunions « sérieuses ». Comment percevez-vous la demande des entreprises à cet égard : vous demandent-elles de faire "passer des messages" ou plus simplement d’animer agréablement leur réunion ?

Bien entendu, mon rôle consiste à « faire passer des messages » lorsque je dessine en live, mais c’est à moi de voir sous quel angle je peux les faire passer. Mais cela ne veut pas dire que je caresse les dirigeants dans le sens du poil. Certains voudraient parfois m’encadrer un peu plus, voire me demander de préparer quelques dessins à l’avance, ce que je ne fais plus, car je privilégie la spontanéité, l’improvisation. Il est arrivé pourtant récemment que quelqu’un ait cherché à m’encadrer et j’ai dû faire comprendre à mon interlocuteur que j’avais besoin d’une liberté totale pour être efficace et que d’autre part, mon rôle était plutôt celui d’un observateur extérieur, un témoin « candide », à la limite un « médium » entre les intervenants et l’audience. Bien entendu, je partage le souci des entreprises de se pérenniser, de se développer et je n’irai jamais à rebours de l’intérêt commun. Pour autant, je ne peux pas être un béni oui oui ni un porte-parole.

Si j’ai réussi, à l’issue d’un séminaire ou d’une convention, à contribuer à créer une bonne atmosphère, à détendre l’audience aussi bien que les intervenants, et à mobiliser leur attention sur les thèmes débattus, je suis content. Si j’ai pu apporter l’éclairage d’un témoin extérieur sur quelques points, tant mieux. Et si, bien sûr, j’ai pondu quelques dessins pertinents et impertinents, ça me fait plaisir. Mais je ne vais pas m’assigner en général de rôle plus ambitieux que celui de l’allumeur de mèches de fantaisie, celui qui donne un peu de recul et crée de la bonne humeur.



- Vous considérez-vous comme un maillon de la chaîne de communication ? Dans quel contexte et à quels moments votre intervention vous semble-t-elle la plus pertinente/positive ?

Je ne suis pas, à proprement parler, un maillon de la chaîne de communication. Si vous prenez l’exemple de Charlie Chaplin, l’auteur des Temps Modernes et du Dictateur, on peut dire qu’il s’agit d’un artiste qui a apporté sa contribution à une vision d’un monde sinon meilleur, en tout cas moins sinistre. Il l’a fait de façon originale, tout à fait personnelle. On ne peut pas enrégimenter les artistes. Ils disent ce qu’ils ont à dire.. Sans sa liberté de ton, son indépendance d’esprit, Chaplin n’aurait pas pu exprimer le meilleur de lui-même.

En ce qui me concerne, je sais que plus on me laisse libre de dire ce que j’ai envie de dire et plus je suis créatif. Et je pense que c’est tout bénéfice pour une entreprise ou un groupe, quel qu’il soit. Mais je conçois très bien qu’on puisse ne pas se trouver en phase avec le ton que j’emploie dans mes dessins. C’est une question de courant : il passe avec certains et pas avec d’autres. Comme je l’ai dit, je travaille toujours dans le sens du bien commun - enfin, je l’espère – car, en ce qui concerne les entreprises, je crois qu’elles sont un des cœurs vitaux d’un pays et je m’efforce donc toujours de ne pas verser dans la démagogie lors de mes interventions. Je suis un électron libre, mais pas un pôle négatif…

Et s’il est des circonstances dans lesquelles un dessinateur pourrait être utile, c’est bien dans les situations de crise. Malheureusement, les entreprises n’osent pas assez faire appel à des ludions de notre sorte. Mais il m’est arrivé quelquefois d’avoir à intervenir dans des situations « chaudes » qui n’avaient pas été anticipées et, selon les dires des organisateurs, mes dessins avaient contribué à dédramatiser, à faire baisser les tensions, voire « retourner » des affaires mal embarquées.

Distiller un peu d’humour, c’est créer un peu d’espace. Le fou du roi n’était-il, sinon le meilleur conseiller du monarque, du moins le plus sûr moyen pour celui-ci de prendre suffisamment de recul par rapport à ses décisions ? Comme disait Bergson, « La seule cure contre la vanité c’est le rire, et la seule faute qui soit risible, c’est la vanité. »

- À quel (s) facteur (s) le choix d’une intervention comme la vôtre en entreprise –journaux ou réunions d’entreprises- est-il lié ? la personnalité du dirigeant, la nature/activité de l’entreprise, le contexte conjoncturel dans lesquels ils s’inscrivent ? (certains secteurs d’activité recourent-ils plus que d’autres à ce mode d’expression ?)

Je ne sais que répondre à une telle question. Je suis mal placé pour le dire. Sinon, je crois avoir touché à peu près tous les secteurs d’activité et parfois même des thèmes assez sensibles comme le sida, le cancer, la prévention des accidents, etc.

- Le dessin peut-il supplanter les mots ? Autrement dit, dans une tendance actuelle au développement des medias audiovisuels, pensez-vous que l’on ira de plus en plus vers une forme imagée des idées ?

Je ne sais pas si le dessin pourra un jour supplanter entièrement le mot. Et même, je ne le crois pas. Il y aura toujours des verbeux et des bavards mais aussi des virtuoses du verbe comme Pierre Desproges, Sacha Guitry ou Alexandre Vialatte, pour n’en citer que quelques-uns… Et puis, pour aller au fond des choses, exprimer des idées complexes, il faudra toujours des mots.

Mais ce qui est sûr, c’est que le métier de dessinateur de presse ressortit plutôt à l’artisanat. Dans un monde où la technologie est répandue, on appréciera de plus en plus et l’on aura de plus en plus besoin de gens qui seront capables de vous fournir du « fait main », des jongleurs, des pianistes, des gribouilleurs. Et dans ce métier de dessinateur, il y a à la fois de l’artisan et du pamphlétaire, dans la lignée des Chamfort, des Rivarol, des Voltaire, etc. Personnellement, je place des œuvres aussi salutaires que Zadig ou Les lettres persanes de Montesquieu pour des modèles de littérature satirique.


- Vous avez dit dans une interview qu’un bon dessin était beaucoup plus fort que des mots. Selon vous, un bon mot peut-il être plus fort qu’un dessin… et dans quels cas ?!

Ce n’est pas moi qui ai dit qu’un petit dessin valait mieux qu’un long discours, mais Napoléon, je crois. Mais bons mots et dessins pertinents ne s’opposent pas. C’est comme si on opposait le chant et la musique instrumentale. Et puis, même s’il y a des dessinateurs qui font des dessins sans parole, la plupart du temps, le dessin a besoin de mots, sinon plusieurs, au moins un seul. À une époque, j’ai essayé de ne faire que des dessins sans bulle, mais je me suis vite aperçu que j’étais très limité et que je ne pouvais pas aborder tous les sujets. Parfois même, on finit par tomber dans une forme d’académisme. Bref, je ne crois pas qu’il faille être rigide là-dessus. Il faut s’exprimer de la façon avec laquelle vous vous sentez le plus à l’aise. Certains, comme Chaval, André François, Maurice Henry, Tomi Ungerer, - mais je parle d’une génération de dessinateurs qui n’existe déjà plus - , ont fait de merveilleux dessins pratiquement sans paroles. D’autres, comme Sempé ou l’Américain Pat Oliphant ont pu allier la virtuosité et la grâce du trait à la pertinence du mot. Mais je parle, je parle, j’aurais plutôt dû vous répondre en dessin !



- Un peu de fiction… Dans une société de plus en plus mondialisée, on peut admettre que le dessin, par son universalité, devient un langage privilégié. Au-delà du dessin humoristique (et de la signalisation !) pourrait-on imaginer un monde qui communique par le dessin, y compris pour traiter des sujets les plus sérieux ?…

Dans un monde qui serait dépourvu de parole, nous, les dessinateurs de presse, nous pourrions bien devenir des interprètes, voire des« dessinateurs publics » comme il existait jadis des « écrivains publics » pour les analphabètes. En tout cas, si le monde – médiatique, du moins - devenait muet, les gens diraient sûrement moins de conneries, à commencer par les politiciens !

Un jour, dans un roman de Balzac je suis tombé sur une scène où le personnage principal se trouvait chez sa maîtresse et attendait qu’elle ait fini sa toilette. Pendant plusieurs pages, Balzac montre cet homme s’attardant dans le salon et observant tous les objets et meubles qui se trouvaient là. Tout d’un coup, j’ai réalisé que dans les siècles passés, les gens prenaient beaucoup plus le temps de regarder, de contempler les choses. Idem pour le monde intérieur : bien avant l’invention de la psychologie, les écrivains avaient cette capacité incroyable à sonder les âmes, en commençant par la leur, et à analyser leurs émotions, leurs relations avec les autres avec une très grande finesse. Il n’y a qu’à lire La duchesse de Langeais ou Les égarements du cœur et de l’esprit de Crébillon, sans parler de Proust, pour s’en rendre compte. Mais je m’égare.

Enfin, pas tout à fait, car ce qu’il faudrait, c’est revenir au niveau d’enseignement des matières artistiques tel qu’il était prodigué dans les familles aisées depuis la Renaissance jusqu’au XIX° siècle, aussi bien le dessin, la musique, le chant que l’art de s’exprimer par écrit (qui, quoi qu’on dise, s’est perdu, il n’y a qu’à regarder la qualité des moindres lettres écrites par nos arrière- grands parents pour s’en rendre compte !).

Tout un chacun devrait recevoir une aussi solide formation dans toutes ces matières et être capable d’exprimer des facettes différentes de sa personnalité dans un art ou un autre, disciplines pas moins importantes que les mathématiques, la physique ou les langues. Actuellement, je suis en train de lire l’autobiographie de Benvenuto Cellini. Comme Léonard ou Michel-Ange, Benvenuto n’a cessé de relever toutes sortes de défis artistiques en essayant de devenir le meilleur dans chaque domaine: de l’orfèvrerie, il a tâté de la gravure, des émaux, de la sculpture ; c’était également un excellent flûtiste et un écrivain.

En fait, il n’y a pas de frontière ni d’opposition entre les arts. Il n’y a que des media et des techniques à apprendre.


Copyright (C) 2006. Frapar


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