jeudi, août 31, 2006

Autour de la ville






mardi, août 29, 2006

"Mesdames et messieurs les jurés, Public chéri, mon amour "...






dimanche, août 27, 2006

L'humour, un outil de communication efficace ?

Tant qu'on fait rire, c'est des plaisanteries. Dès que c'est pas drôle, c'est des insultes.

Coluche



Extrait du Mémoire de recherche 2003/2004 de Gaëlle Cottenceau, sous la direction de Patrice Stern, directeur de recherche à l’ESCPEAP :

Entretien avec Pascal Guichard, ancien DRH des filiales France Télécom EGT

Frapar est intervenu chez France Telecom EGT en 1997. Le contexte était celui du rachat par France Télécom EGT de sociétés plus petites. France Télécom EGT est une branche de France Télécom qui propose des solutions de télécommunication pour les entreprises dans le domaine de la téléphonie mobile, de la télécopie, de la visioconférence et de la radiomessagerie. Cette branche racheta en 1997 une dizaine de petites structures (pas plus de vingt personnes par société) spécialisées dans ces domaines, afin de les fédérer et de proposer une offre globale.

Ces sociétés étaient habituées à fonctionner de manière autonome en effectifs restreints, elles avaient des cultures d’entreprise différentes, et le rachat n’était pas forcément du goût de tous. En plus de ces problèmes, ces petites sociétés avaient été auparavant concurrentes entre elles ! Comment les rapprocher et réussir à les intégrer au sein d’une structure unique où tous seraient capables de travailler ensemble?

Une réunion générale fut organisée, regroupant environ 200 personnes, afin d’amorcer cette démarche d’intégration, d’en expliquer les raisons, les objectifs et le déroulement. Afin de marquer l’événement et de détendre cette atmosphère explosive, la Direction fit appel au caricaturiste Frapar. Ce procédé, original pour l’époque, fut réalisé sur proposition d’une agence événementielle.

L’intervention du caricaturiste ne demanda pas une énorme préparation puisqu’elle est basée sur une grande part d’improvisation en fonction des réactions du public, de la tournure des événements au cours de la réunion et du feeling du dessinateur. Il assista simplement la veille aux répétitions des présentations des dirigeants.

Le lendemain, le jour de la réunion générale, il était dans la salle parmi l’assemblée, avec son bloc-note et un accès à l’écran de projection vidéo où défilaient les slides de l’orateur. Il dessinait en direct, en fonction du thème et de l’intervenant, et projetait son dessin immédiatement, de façon inattendue aussi bien pour l’orateur, qui ne maîtrisait pas l’insertion des dessins au milieu de sa présentation, que pour l’assemblée qui n’était pas avertie du procédé. Le résultat est immédiat : le public rit aux éclats, cela détend aussi l’orateur un peu crispé par les annonces qu’il doit faire, et diminue la pression générale dans la salle.

Certes on est un peu déconcentré pendant quelques minutes, mais cela n’empêche pas le sérieux de revenir très vite, et le message est passé et retenu ! Le but n’est pas de détourner l’attention des gens pour faire passer inaperçues les moins bonnes nouvelles. L’objectif est bien de faire passer clairement un message, mais sans lui donner un ton dramatique. Le procédé a permis de faire sortir cette réunion du lot, a montré une volonté de dialogue et d’ouverture, et a aidé à envisager le changement avec moins d’appréhension.

A la fin chaque participant a reçu un cahier avec les dessins, et on se souvient encore du message des années après! C’était en 1997, mais aujourd’hui encore devant chaque dessin M. Guichard sourit et se remémore des anecdotes survenues au cours de la réunion et surtout ce que chaque dessin illustre, le propos précis auquel il fait référence.

L’humour a donc permis de faire ressortir des idées clés et de les ancrer dans chaque esprit, de rapprocher les gens, et d’amorcer un comportement de changement sans faire de réfractaires…



(Publié avec l'aimable autorisation de Gaëlle Cottenceau)

vendredi, août 25, 2006

Fun job








vendredi, août 18, 2006

Entretien avec Frapar, dessinateur caricaturiste

(Extrait du Mémoire de recherche 2003/2004 de Gaëlle Cottenceau, rédigé sous la direction de Patrice Stern, directeur de recherche à l’ESCPEAP)


Frapar explique qu’il intervient une vingtaine de fois par an dans des entreprises qui font appel à lui par l’intermédiaire d’agences événementielles pour mettre un peu de piment dans leurs conventions annuelles ou au cours de séminaires de travail ou de formation. Ce sont majoritairement des grandes entreprises ou des grosses PME, budget oblige, et dans la plupart des cas ces entreprises ne se trouvent pas dans une quelconque situation de crise. Un dessinateur est en effet beaucoup moins maîtrisé que, par exemple, le théâtre d’entreprise, puisque dans le cas du théâtre d’entreprise les dirigeants peuvent relire le scénario et éventuellement censurer certaines parties. On fera donc appel à un dessinateur pour illustrer des messages positifs, et pas particulièrement pour aider à faire passer des messages délicats. Le dessinateur apporte une vision extérieure qui permet d’élargir l’horizon des participants. Frapar essaie toujours de se placer du point de vue des clients de l’entreprise, afin que même dans une réunion interne on n’oublie pas la finalité de l’activité de l’entreprise.

L’apparition de dessinateurs humoristes dans les entreprises s’est faite il y a une vingtaine d’années, en reprenant la recette qui avait fait une partie du succès de l’émission de Michel Polac Droit de Réponse diffusée sur TF1. Cette émission présentait des débats, qu’un dessinateur venait à chaque fois tempérer par ses dessins. Frapar y fut lui-même l’invité, ainsi que nombreux de ses collègues parmi lesquels Plantu, Cabu, Siné, Wolinski, et bien d’autres. A compter parmi ceux-ci également Antoine Chéreau, autre dessinateur qui intervient régulièrement dans des réunions d’entreprises. Pour le moment cette pratique ne s’est développée qu’en France, Frapar n’a pas connaissance d’équivalents à l’étranger. Il semble cependant que le procédé soit en train de faire son apparition en Italie.


La préparation d’une telle intervention nécessite bien évidemment une rencontre préalable entre le dessinateur et les dirigeants de l’entreprise cliente. Au cours de ce briefing, le dessinateur cherche à comprendre le contexte dans lequel se déroule la réunion, les problématiques de l’entreprise, et les messages qui seront au cœur du discours. Il cherche à se familiariser avec les aspects techniques et à acquérir une bonne connaissance du fonctionnement et de la culture de cette entreprise. Il s’informe également d’éventuels problèmes personnels de tel ou tel collaborateur ou de conflits internes existants, afin d’éviter dans un dessin toute allusion qui affecterait une personne de l’équipe fragile sur ce point, alors que le sujet semblerait anodin pour toute personne extérieure. Il est nécessaire de connaître l’entreprise pour avoir le ton juste et ne pas être superficiel, mais en même temps une trop bonne connaissance émousse l’acuité. On voit moins les défauts lorsqu’on est trop impliqué. Il faut garder une part de spontanéité et surtout son objectivité. Quelquefois, en plus de cette rencontre-briefing, Frapar assiste la veille de la réunion à la répétition des présentations des intervenants. Cela lui permet de se faire une idée de ce qu’il dessinera le lendemain.

Le jour de l’intervention, Frapar aime être placé entre la scène et le public, de façon à étudier ses réactions. L’assemblée peut être constituée de 25 personnes comme de 3000, la moyenne se situant autour de 200 personnes. Il fonctionne au moyen d’une caméra banc-titre, qui filme à la verticale son dessin (d’autres dessinateurs préféreront travailler avec une palette graphique, lui est attaché au dessin au feutre sur papier). L’image est envoyée à l’écran lorsqu’il en donne le signal, quelquefois c’est un réalisateur qui gère l’émission des images, il peut ainsi en contrôler le contenu et le moment d’apparition. Les dessins sont travaillés autant sur la forme que sur le fond. Le texte est en effet aussi important que le dessin à proprement parler dans le déclenchement du rire du public. Sans texte, on est vite limité et on ne peut pas traiter tous les sujets. Les effets de la projection des dessins vont bien sûr au delà du sourire ou du rire de l’assemblée : cela détend l’atmosphère, crée une ambiance propice à la réception des messages, aide à mémoriser ces derniers, et montre aussi bien souvent les dirigeants sous un autre visage (ils rient eux-mêmes et autorisent leurs collaborateurs à rire d’eux). La convivialité est importante dans ce genre de réunion et l’humour du dessinateur contribue à créer cette atmosphère. Par un regard extérieur « candide », il aide à dédramatiser ou à relativiser.


Il observe que les managers ont tendance à mieux accepter l’humour et la caricature. Il a vu des employés se vexer qu’on ait pu utiliser des dessins pour leur faire passer un message. Certains ont pu avoir l’impression d’être infantilisés, alors qu’ils n’ont pas besoin « qu’on leur fasse un dessin » pour comprendre. Mais ce n’est évidemment pas le but recherché. On retiendra simplement qu’il faut ménager les susceptibilités lorsqu’on utilise ce moyen de communication délicat qu’est l’humour, et qu’il faut l’utiliser avec sérieux. L’humour n’est pas quelque chose de commun à tous. Tous les gens aiment rire mais pas des mêmes choses. L’humour est la chose la moins partagée contrairement à ce qu’on peut croire, et il faut savoir s’adapter à son public. L’humour se trouve toujours sur le fil du rasoir : il faut trouver le bon équilibre entre faire rire et le faire aux dépens de quelqu’un. La limite de l’humour : il doit être mordant mais pas méchant. Il est par exemple déplacé d’attaquer une personne sur sa personnalité ou sur un trait physique. Frapar essaie souvent d’ajouter au cours de la réunion un dessin se moquant de lui-même. Par l’autodérision il montre qu’il ne se prend pas lui-même au sérieux, et qu’il n’y a donc pas lieu non plus de prendre ses dessins trop au sérieux.

L’avantage de l’humour visuel sur l’humour verbal est qu’il permet d’être plus « soft ». Le dessin peut être impertinent mais il reste toujours muet, et laisse ainsi une certaine marge de manœuvre à celui qui en est le sujet. Il peut se défendre, il peut répondre, tandis que l’humour verbal est plus violent, il a tendance à casser la personne. (Dans le cas du théâtre d’entreprise les choses sont différentes. Il s’agit bien d’humour verbal, mais il est contrôlé et préparé, justement pour rester dans les limites du respect de l’autre). Ce qu’il est important de respecter lorsque l’on fait appel à l’humour, c’est de le faire avec bienveillance. Il ne s’agit pas de « tirer sur des ambulances ». Il y a des gens qui ont une attitude déjà plus ou moins caricaturale, il serait malvenu d’enfoncer le clou. Le but n’est pas de déstabiliser la personne ou de la mettre mal à l’aise. Frapar a beaucoup de respect pour les entreprises et le rôle qu’elles tiennent dans notre économie, il ne veut surtout pas les casser mais au contraire les aider. L’entreprise représente pour beaucoup de gens plus d’un tiers de leur vie ! Il faut qu’ils s’y sentent bien. C’est dans ce but qu’il a choisi d’intervenir dans le monde professionnel. Il dessine également pour des journaux d’entreprise. C’est d’ailleurs aujourd’hui l’essentiel de son activité, il a délaissé le monde de la presse pour celui des entreprises et de l’édition.


Mais l’humour a sa place partout dans la vie. Il ne faut pas se prendre au sérieux, ni dans l’entreprise, ni en dehors. Frapar apprécie le travail d’autres humoristes qui, comme lui ou avant lui, contribuent ou ont contribué à mettre un peu de sel dans la vie. Il cite entre autres les dessinateurs Hergé, Uderzo (et l’indissociable Goscinny), Sempé, Cabu, et les comédiens Raymond Devos, Fernand Raynaud, Elie Kakou, Gad Elmaleh, Rowan Atkinson, et bien d’autres.

Il existe des facteurs-clés pour que l’intervention du caricaturiste réussisse. En particulier il faut que les dirigeants et l’orateur qui se trouve sur scène jouent le jeu. Il faut qu’ils réagissent positivement à la caricature qui est faite d’eux, autorisant ainsi le public à en rire. Il est important aussi que le public ne soit pas dispersé dans une grande salle, car alors il n’y a pas de cohésion du groupe, et pour le dessinateur il n’est pas évident non plus de se faire proche d’un public qu’il a du mal à observer. Il faut également que le thème de la réunion soit approprié. Frapar refuse d’intervenir sur un sujet politique ou lorsqu’il sent qu’il y a en face un manque de préparation. Il s’est retrouvé un jour avec un autre dessinateur dans la salle (Gabs), mais avec deux dessinateurs intervenant, le public n’écoutait plus rien. Trop d’humour tue l’humour pourrait-on dire. Il estime que certaines conditions sont nécessaires pour que son intervention soit efficace et s’assure toujours qu’elles sont réunies avant d’accepter d’intervenir dans une entreprise.


Les interventions de Frapar s’étalent le plus souvent sur une demi-journée ou une journée entière. En une heure il est très difficile d’arriver au même résultat. Il faut du temps pour installer l’humour. Mais sur trois jours il est également difficile de trouver une inspiration continue et à effet constant... En moyenne 25 à 65 dessins sont réalisés sur une journée. Celle-ci sera facturée de façon variable en « droits de représentation » en fonction de la durée de la réunion et du nombre de participants, de la difficulté de l’exercice et du temps de préparation. Les droits de cession des dessins à la fin de l’intervention sont facturés en supplément, mais l’entreprise n’est pas tenue par avance de s’engager à les acquérir. Frapar tient à laisser ses interlocuteurs libres de juger sur pièce. Mais dans 99% des cas, les entreprises souhaitent conserver les dessins en souvenir, et en distribuent une copie aux participants. Ainsi, les messages resteront ancrés dans les mémoires, souvent bien plus longtemps qu’après des réunions plus classiques.


(Publié avec l'aimable autorisation de Gaëlle Cottenceau)

Copyright (C) 2006. Frapar

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